Charlie Dalin, 1er sur la ligne d’arrivée du Vendée Globe

Mercredi 27 janvier 2021, à 20 heures 35 minutes et 47 secondes, le havrais Charlie Dalin a franchi la ligne d’arrivée du Vendée Globe aux Sables-d’Olonne.

Après 80 jours de course autour du monde en solitaire sans escale et sans assistance, Charlie Dalin, 36 ans et licencié du Sport Nautique et Plaisance du Havre, aura été à la hauteur de son statut de grand favori menant la flotte durant quasiment toute la course. Armé de combativité, de son talent et d’une intelligence stratégique hors pair, le compétiteur havrais…

Son parcours de compétiteur a commencé au sein de sa ville natale, au Pôle Espoir Normandie de la Ligue de voile de Normandie. Cédric Chateau était à l’époque son coach, il raconte :
« J’ai rencontré Charlie à la rentrée 1999 (Charlie Dalin avait 15 ans), j’arrivais pour encadrer le groupe 420 pour la première fois. C’était la première année de compétition pour Charlie. C’est sûr que c’était déjà plus un taiseux qu’un flambeur. Il faisait partie des petits jeunes du groupe et l’idée était qu’il puise dans l’expérience des autres pour apprendre le plus rapidement possible. Au fur et à mesure des quatre années que nous avons vécues ensemble, son niveau est monté d’un cran. Sur les deux dernières années, c’était un remarquable partenaire d’entraînement mais il n’arrivait pas à capitaliser sur une compétition. Très souvent, il était aux avant-postes sur les entraînements, voire leader mais il n’a jamais eu de résultats en championnat de France ou du monde en 420. Il manquait un peu d’expérience par rapport aux autres qui avaient commencé la compétition à l’âge de huit ou neuf ans… 

 

Photo © Jean-Louis Carli / Vendée Globe

… Charlie avait du potentiel, comme plein d’autres. Mais il avait surtout l’envie. Ce qui est sûr, c’est que ce n’est pas un parvenu. Il est allé chercher les choses, rien n’est venu à lui. Il s’est arraché. Il est aussi arrivé dans un moment où nous, la Ligue de Normandie, n’étions pas assez structurés pour l’épauler fortement.  Dans sa dernière année de 420, il a eu une prise de conscience. Il s’est dit : le plan, c’est d’être architecte naval ! Franchement, en janvier avant son bac, ce n’était pas gagné, on était plutôt sur du rattrapage car il n’était pas à fond. Sur les trois derniers mois, il n’a navigué qu’une fois par semaine au lieu de trois. Il a vraiment mis le holà sur la compétition.

Il y a quelque chose qui m’a marqué et que je répète souvent. À 18 ans, il ne parlait pas bien anglais et il devait aller à l’université de Southampton. Il est donc parti tout seul avec sa canadienne, un réchaud et des pâtes dans le Solent pour traîner sur les pontons, améliorer sa langue et trouver des bateaux pour faire de la régate. Je connais peu de jeunes adultes qui auraient les tripes pour faire ça. Ça montre clairement la détermination du gars.
Il y a un deuxième exemple qui illustre cela. Il voulait faire la Mini-Transat, traverser l’Atlantique en solo sur des petits bateaux de 6,50 m. Il s’est dit très rapidement qu’il devait faire une année de préparateur pour y arriver, pour prendre les infos et découvrir avant et être à fond pendant. 

Quand il est parti à Southampton pour ses études, on a un peu perdu contact. On s’est retrouvé en 2013. À l’époque, on montait un projet avec la Ligue de Normandie : la Normandie Élite Team. De mon côté, je soutenais plus une action collective, je ne souhaitais pas forcément mettre tous les fonds sur Charlie la première année. Francis le Goff et Corinne Migraine ont tranché et parié sur Charlie. Rétrospectivement, c’était la meilleure des décisions. Ça a permis que d’autres en profitent derrière et ça a permis à Charlie d’être encore considéré comme Havrais dans l’esprit des gens, même s’il habite aujourd’hui en Bretagne. On a été un caillou, une pierre dans la construction de son projet.

J’ai dédié mon année 2014 à essayer de l’épauler, à essayer de voir où étaient ses points forts et ses points faibles. Ce qui m’a frappé sur cette année-là, c’était de voir à quel point il ne se pardonnait rien. À chaque fois qu’il faisait une erreur, ça le mettait dans un état de dingue. On a essayé de corriger ça car l’année d’avant il faisait des super débuts d’étapes sur la Solitaire du Figaro mais la belle mécanique était mise en l’air par une simple petite erreur. Il y a eu une belle prise de conscience. Sous les couleurs de la région, il a fait le boulot. Il a fait troisième de la Solitaire alors que personne ne l’attendait. »

Et la suite, nous la connaissons : des victoires jusqu’à l’ULTIME victoire, en 2021, la consécration.